Road to Tokyo

Writer // Boris Rodesch - Photography // Michel Verpoorten


Arthur Van Doren est médaillé d’argent aux Jeux olympiques, champion du monde et champion d’Europe avec les Red Lions. À l’aube de la saison 2018-2019, celui qui a remporté cinq fois le Championnat de Belgique avec les Dragons rejoint l’équipe de Bloemendaal, où il décroche d’emblée le titre des Pays-Bas. Désigné deux fois meilleur espoir et meilleur joueur du monde par la fédération internationale de hockey (FIH), le défenseur anversois, âgé de 25 ans, vise la médaille d’or olympique à Tokyo en 2021.

Entretien avec King Arthur dans l’Olympic Room, au Royal Beerschot THC.

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Les entrainements avec les Red Lions ont repris le 4 mai. Deux mois sans jouer au hockey, ce n’était pas trop long ?

C’est la première fois que je ne touche pas un stick pendant une période si longue. Je suis très heureux d’avoir repris les entrainements et de revoir mes coéquipiers. Nous restions sur une année et demie très intense avec plusieurs tournois qui se sont enchaînés. J’ai donc profité du confinement pour prendre une pause mentale et physique. 



Lorsque vous pensez au « monde d’après »… Si vous deviez changer quelque chose dans votre comportement ?

Je profiterai des plaisirs simples de la vie comme prendre un ami dans ses bras ou faire un câlin aux membres de sa famille. Des petites choses qui nous paraissaient normales et dont nous ne profitions pas assez. Ce contact social me manque et j’adorerais le retrouver.



Comment se déroule la reprise des entrainements et quelles sont les mesures sanitaires prises pour faire face au Covid-19 ?

Il y a un protocole strict, clair et précis. Nous nous entrainons par groupes de trois sur un quart de terrain en respectant la distanciation sociale. Si un des joueurs contracte le virus, cela permettra de le retracer facilement. Avec mon club de Bloemendaal, les entrainements reprennent demain — le 18 mai — mais le championnat est d’ores et déjà annulé. 



Découvrir cette compétition, largement considérée comme étant le meilleur championnat au monde, c’était une étape importante ?

Après huit saisons en équipe première aux Dragons où je restais sur quatre titres d’affilée, je devais me fixer un nouveau challenge. À 24 ans, j’avais tout gagné en Belgique. C’était le moment idéal pour signer dans ce très grand club qui évolue dans la meilleure compétition au monde. 



Comment avez-vous accueilli le report des Jeux olympiques à l’été 2021?

C’est très dommage mais cette décision est tout à fait logique. L’équipe était prête et nous avions aussi de précieuses semaines d’avance dans notre préparation puisque nous avions assurés notre qualification en remportant la coupe d’Europe tandis que les autres nations devaient encore se qualifier sur le terrain.

D’un point de vue sportif, quels sont les avantages et les inconvénients de ce report pour les Red Lions ?

Il faut le prendre avec un état d’esprit positif en se disant que nous avons quatorze mois pour progresser individuellement et collectivement. Si nous jouons ensemble depuis de nombreuses années et que nous pouvons compter sur des automatismes, notre noyau, qui présente un très bon équilibre entre expérience et jeunesse, n’a jamais été aussi riche. Cela stimule les plus anciens à ne rien lâcher s’ils désirent rester dans l’équipe.



Vous avez été sacré deux fois meilleur espoir (2016 et 2017) et meilleur joueur du monde (2017 et 2018). Quelle valeur attribuez-vous à ces récompenses individuelles ?

J’en suis très fier, mais je tiens à les attribuer à l’ensemble de mes coéquipiers. Le hockey est un sport collectif ; seul, on ne gagne rien. C’est notre qualité en tant qu’équipe qui est notre plus grande force avec les Red Lions. Ce ne sont pas un ou deux joueurs qui font la différence, le danger peut venir de partout. Lorsque nous sommes tous à 100 %, nous sommes très difficiles à battre.



Cette défaite en finale olympique à Rio contre l’Argentine en 2016, c’est le pire souvenir de votre carrière ?

Au coup de sifflet final, c’est un cauchemar. Mais lorsque vous avez cette médaille d’argent autour du cou, vous réalisez la performance que vous venez d’accomplir. Après, on garde un goût de trop peu qui nous aide à travailler aujourd’hui pour revenir plus forts et aller chercher ce titre olympique à Tokyo.



Votre premier souvenir olympique ?

Manchester en 2007. Le but de Jérôme Truyens contre l’Allemagne qui qualifie les Red Lions pour les jeux de Pékin en 2008. 

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Votre plus belle rencontre dans le village olympique en 2016 ?

Plus qu’une rencontre en particulier, j’ai été séduit par l’ambiance au sein du Team Belgium. Goffin, Colsaerts, Pieters, les frères Borlée… Cette convivialité entre les athlètes belges était belle à voir.



Votre meilleur souvenir à Rio ?

La médaille d’argent de Pieter Timmers sur 100 mètres nage libre ! L’ambiance dans le bâtiment du Team Belgium durant la finale était exceptionnelle. Nous étions tous dans nos appartements de six pour suivre la course à la télévision. Après un départ moyen, Timmers a entamé sa remontée et l’ambiance a explosé au sein de la délégation. C’était génial de partager cette euphorie avec tous les athlètes belges.



Êtes-vous impressionné par un(e) athlète en particulier ?

Après ce confinement, j’ai énormément de respect pour tous les athlètes qui pratiquent des sports individuels et qui parviennent à garder leur discipline et leur motivation intactes tous les jours.



Pour conclure, les Red Lions iront donc aux jeux de Tokyo pour décrocher la médaille d’or !?

En tant que sportif de haut niveau, vous visez toujours la plus haute marche du podium, mais il faut être réaliste. Il y a 6 équipes qui peuvent viser l’or. Nous devrons aborder le tournoi comme nous l’avons toujours fait, match après match.

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