DANS L’OMBRE des Red Lions

Writer // Boris Rodesch - Photography // Michel Verpoorten


Cet ostéopathe bruxellois débute sa carrière dans le milieu du football au RSC Anderlecht avant de découvrir le hockey au KHC Leuven avec l’objectif caché de rejoindre les Red Lions. Au lendemain des Jeux olympiques de Rio en 2016, il intègre finalement le staff médical de l’équipe nationale messieurs qui remporte dans la foulée le Championnat du monde et la Coupe d’Europe.

Rencontre avec Julien Rysman dans les installations du Royal Beerschot THC.

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Si vous deviez vous présenter professionnellement ?

45 ans, ostéopathe, complètement fou de sport, ayant depuis mon plus jeune âge un goût très prononcé pour le médical et le scientifique. Le choix de mes études et de ma carrière a toujours été orienté de façon à trouver cet équilibre entre le sport et mon activité professionnelle. Fraîchement diplômé à l’ULB, j’ai été appelé par le Sporting d’Anderlecht en août 2000. Le Sporting étant mon club de cœur, j’ai rejoint son staff médical sans hésiter. J’ai passé quatre années exceptionnelles avec une équipe grandiose qui avait atteint le second tour de la Champions League. Ensuite, je suis parti car j’avais envie de développer une vie de famille et de lancer mon propre cabinet. Je suis devenu assistant en ostéopathie à l’ULB et j’ai signé un contrat avec le club de hockey de Louvain où je suis resté jusqu’en 2016. J’ai alors intégré le staff des Red Lions qui venaient de remporter la médaille d’argent aux jeux de Rio. 



Entre-temps, ils ont réalisé le doublé, champions du monde et champions d’Europe ! Seriez-vous un porte-bonheur ?

Non. Il y a surtout une suite logique et un travail exceptionnel réalisé par la fédération au cours des dix dernières années. Aujourd’hui, de nombreux jeunes avec un immense talent frappent à la porte de l’équipe nationale, et ça, ce n’est pas le fruit du hasard. Au-delà du travail réalisé depuis 2015 par le staff et son coach, Shane McLeod, ces excellents résultats n’auraient pas été possibles sans le concours de nos prédécesseurs. Il y a aussi eu ces deux défaites en finale aux Jeux olympiques en 2016 et au Championnat d’Europe en 2017. Je me souviens des Hollandais qui nous avaient dit à l’époque : « Avant de gagner l’or, il faut bouffer de l’argent. » Les joueurs ont compris la leçon.



Lorsque vous rejoignez le staff des Red Lions, quels sont vos objectifs personnels ?

Continuer ce que j’avais connu avec les joueurs d’Anderlecht, c’est-à-dire la gestion des athlètes de haut niveau. Si les clubs de hockey se structurent de mieux en mieux en Belgique, chez les Red Lions, nous profitons d’un environnement très professionnel avec une fédération bénéficiant du soutien des régions via les différentes structures qui financent le sport. Sport Vlaanderen, l’ADEPS et le comité olympique, ils ont tous un droit de regard et nous avons le devoir de performer car nous gérons, d’une certaine façon, de l’argent public. Il ne s’agit pas juste de profiter d’une génération exceptionnelle, nous avons une vraie responsabilité. Nous sommes dans l’obligation de faire des résultats et d’être transparents dans nos méthodes, qui doivent aussi servir aux générations suivantes.

 

Comment s’est déroulée votre intégration ?

Je me suis très vite senti à l’aise. Arthur Van Doren, Tom Boon, ils rêvent d’être sur un podium depuis qu’ils sont gamins. Ils vous entrainent là-dedans et cela crée une sorte de contrat de confiance. Avant de rejoindre le staff, pour moi, les Red Lions, c’était une forteresse, une bulle impénétrable. Je l’avais appris à Anderlecht, quand on rentre dans un vestiaire d’athlètes de haut niveau, ce n’est pas un laissez-passer gratuit. Il y a une attente de résultat qui est immédiate. La première semaine, tous les joueurs sont passés sur ma table et c’était un vrai test.



Quels sont vos rapports avec les Red Lions ?

J’entretiens une relation privilégiée avec les joueurs qui se livrent volontiers sur ma table. Je dois trouver le juste milieu entre être suffisamment proche d’eux pour qu’ils se sentent en confiance, et restituer au coach les informations pertinentes afin qu’il puisse éventuellement mieux comprendre l’état physique et mental de certains joueurs. Ils savent que je ne vais pas aller tout raconter, c’est à moi de trouver les bons filtres. Je suis une sorte de grand frère professionnel. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est très gratifiant et c’est un honneur d’avoir la confiance de ces garçons. 



Un mot sur l’ambiance au sein du Team Belgium ?

C’est exceptionnel de pouvoir côtoyer les membres du staff médical du Team Belgium. Ils travaillent tous avec des athlètes de très haut niveau. Que ce soit en gymnastique, judo, cyclisme, athlétisme ou natation, ces fédérations font toutes de l’excellent boulot. Cela me permet aussi de collaborer avec des universités avec lesquelles je n’aurais probablement pas travaillé. J’ai pu découvrir d’éminents spécialistes comme le professeur Johan Bellemans de la KUL ou d’autres des universités d’Anvers et de Gand. Nous avons une table de travail qui réunit ce qui se fait de mieux en Belgique. Il n’y a plus de Flamands, de Wallons et de Bruxellois, mais juste un drapeau, celui du Team Belgium, qui peut aussi compter, avec Olav Spah, sur un directeur technique allemand.



Pour conclure, si vous deviez être bloqué dans un ascenseur du village olympique avec un athlète en particulier ?

Je choisirais Tiger Woods ou plutôt, Roger Federer. Véritable icône du sport, son attitude est exemplaire et son style de jeu est sublime. Une telle gestuelle ne passe pas inaperçue auprès des amoureux de la biomécanique.

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Head Osteo / Physio Belgium Red Lions
Association Royale Belge de Hockey (ARBH)