Dans l’ombre du Team Belgium

Writer // Boris Rodesch  - Photography // Michel Verpoorten

Luc Rampaer est le responsable communication au Comité olympique et interfédéral belge (COIB). Présent aux Jeux olympiques depuis les Jeux d’été, à Atlanta, en 1996, il fêtera sa huitième participation aux JO à Tokyo. Nous le retrouvons dans la salle Tokyo, au siège du COIB

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Racontez-nous brièvement votre parcours ?

J’ai obtenu ma licence en éducation physique, j’ai enseigné une année, avant de faire mon service militaire après être tombé malade en Amérique du Sud où je projetais de faire mon service civil en tant qu’assistant coach de l’équipe nationale de volley-ball de Colombie. Je cherchais du boulot et j’ai eu une opportunité dans un domaine fort intéressant, le sport pour handicapés mentaux. J’ai travaillé à Special Olympics Belgium durant dix ans. Et puis, on m’a proposé de venir au COIB. Après deux ans de réflexion, j’ai finalement accepté. Le principal souci pour les fédérations sportives telles que Special Olympics Belgium, ou le Belgian Paralympic Committee, c’est le nombre de handicaps différents, qui réclament chacun une approche sportive différente. Ça n’a pas de sens de faire courir un handicapé mental avec un mal voyant, un mal entendant et un paraplégique. Pourtant, les gens ont parfois du mal à comprendre… Ce job était passionnant, mais en 1992, j’ai signé au service marketing du COIB. Douze ans plus tard, je suis passé responsable communication. Ce sont deux secteurs qui peuvent sembler proches, mais qui sont très différents. 

Deux fonctions qui impliquent votre présence, sur place, aux Jeux olympiques ?

Au marketing, pas nécessairement. Mais à chaque fois, j’ai pu accompagner des partenaires commerciaux. Dans mon rôle de communicateur, c’est une évidence. J’ai même la chance de dormir dans le village olympique. Nous sommes avec les coachs et les athlètes. C’est un lieu sacralisé, l’ambiance est différente puisque personne ne peut rentrer, si ce n’est quelques privilégiés avec des accréditations spécifiques.


Quelle est votre journée type aux Jeux olympiques ?

Il y a une zone internationale dans le village olympique où nous pouvons accueillir des invités, essentiellement la presse. Avec une équipe restreinte, nous organisons des conférences de presse quotidiennes, vers 8-9 heures afin d’y présenter les athlètes 48h avant leur première compétition. L’objectif est de donner des informations aux journalistes belges, qui ont fait le déplacement. On rejoint ensuite les infrastructures sportives — l’athlétisme, le judo, la natation, le cyclisme… — et les zones mixtes, où nous jouons notre rôle d’attaché de presse en veillant à ce que nos athlètes favorisent la presse belge. En cas de médaille, il faut encore gérer les conférences de presse qui sont organisées par le COJO (Comité d’organisation des Jeux olympiques). S’ajoutent à cela la réponse aux demandes des médias, l’alimentation des réseaux sociaux et de notre site internet en vérifiant toutes les informations… nos journées sont bien remplies.


Une anecdote avec un athlète ?

En 1996, la médaille d’or sur 100 m brasse de Fred Deburghgraeve à Atlanta. J’ai vécu la finale dans l’enceinte de la piscine, assis à côté de sa future épouse et de ses parents. J’étais en larmes.

C’est à votre équipe que l’on doit le logo du Team Belgium ?

Quand je suis arrivé au marketing, le logo, c’était un écusson noir et jaune avec un lion. En tant que francophone, bruxellois et bon bilingue, ça m’a interpellé. Nous avons mis au point un nouveau logo, qui a tenu jusqu’en 2015. Après, au service communication, j’ai changé la mention Belgian Olympic Team. Nous voulions un logo et une base line qui motivent tous les Belges. Avec une agence, nous avons finalement trouvé le nom de Team Belgium, et le logo actuel. Il est devenu la marque du COIB, mais aussi l’identité du Team Belgium. On s’en sert également pour communiquer au niveau international. Il a acquis une belle notoriété, mais nous pouvons encore progresser.

Quelle image souhaitez-vous véhiculer à travers le Team Belgium ?

Le plus important, ce sont nos valeurs. Elles sont écrites en japonais, et affichées au mur de la salle Tokyo. Ce sont les valeurs fondatrices du mouvement olympique, elles ont toujours été mon moteur. Évidemment, il y a les performances des athlètes qui sont exceptionnelles. Il y a tellement de sacrifices, d’efforts et de persévérance, j’ai un immense respect pour ce qu’ils font. Mais au-delà de ça, il y a l’universalité, le fair-play et la fraternité, des valeurs essentielles. Le plus important à mes yeux, c’est de les transmettre au grand public. Lors des cérémonies de clôture, on se retrouve avec des athlètes du monde entier. Peu importe les origines, la couleur de peau, la politique et les religions… Ils sont heureux d’être ensemble, ils se congratulent et ils se prennent dans les bras. Il y a juste une connivence, de la tolérance et du respect entre eux. Lorsque j’assiste à ce genre de scènes, je suis très fier de travailler pour le COIB.

Y a-t-il un/une athlète belge qui incarne particulièrement ces valeurs olympiques ?

On a la chance de pouvoir compter sur de très belles personnalités, qui affichent des valeurs humaines très intéressantes. Pour ne pas tous les citer, je vais mettre en avant Kim Gevaert, ancienne sprinteuse et présidente de l’association belge des olympiens (ABO). C’est un plaisir de la côtoyer. Elle a vraiment énormément de choses à apprendre au grand public.

Pour conclure, un mot sur le report des Jeux en termes de stratégie de communication ?

Peu de temps avant le confinement, nous avions lancé la campagne Tokyo, Inspiring the next generation, avec un magnifique spot vidéo. Le message insiste sur le fait que nos athlètes doivent inspirer les générations futures. La capsule met en scène une centaine d’enfants et plusieurs athlètes belges, dont Nafissatou Thiam, Pieter Timmers, Nina Derwael et les Red Lions. Nous avons arrêté de la diffuser, car nous voulons pouvoir affirmer que les Jeux se tiendront à Tokyo, en 2021. Si nous en sommes tous convaincus au COIB, la réalité, c’est que rien n’est encore confirmé, ni par le gouvernement japonais, ni par le CIO (Comité international olympique).

Luc Rampaer
Comité Olympique et Interfédéral Belge
Avenue de Bouchout 9, 1020 Bruxelles