Road to Tokyo

Writer // Boris Rodesch - Photography // Sébastien Van de Walle

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Camille Laus, championne de Belgique du 400 mètres, vient de participer à ses premiers championnats du monde d’athlétisme à Doha. La sprinteuse tournaisienne s’est classée en 5e position du relais féminin et en 6e position du relais mixte. Performances qui ont permis aux deux équipes de se qualifier pour les Jeux olympiques à Tokyo en 2020.

Pollen a déjeuné avec Camille Laus au restaurant KAMO.

S’il ne fallait retenir qu’un moment de ces championnats du monde ?

Notre chrono en série avec le 4x400 féminin qui nous a offert un nouveau record de Belgique. C’était le moment le plus inattendu et le plus fort en termes d’émotion.

Vous êtes désormais assurée de participer aux JO en équipes. Quels sont vos objectifs en individuel ?

Le fait d’être déjà qualifiée pour les jeux avec les deux relais me permet de me concentrer exclusivement sur cette qualification individuelle. Ce sera mon objectif principal pour la saison prochaine. 

Lorsque vous découvrez l’athlétisme au RUSTA (Royal Union Sportive Tournai Athlétisme), vous choisissez de courir le 100 et le 200 mètres. Racontez-nous vos débuts ?

J’ai commencé l’athlétisme à 14 ans car je gagnais déjà tous les cross interscolaires. Un an plus tard, je suis passé en élite dans la Ligue francophone belge d’athlétisme avant de participer, à 17 ans, sur 100 et 4x100 mètres, à ma première compétition internationale, les Jeux olympiques de la jeunesse, où j’ai réalisé que la compétition était de loin ce que je préférais. À 18 ans, je me suis installée à Bruxelles pour suivre les cours à l’ICHEC. J’ai alors rencontré Jacques Borlée et l’on s’est rendu compte que je ne parvenais pas à confirmer en compétitions les chronos sur 100 mètres que je signais à l’entrainement. Il m’a proposé de me challenger en essayant une autre discipline. Je me suis mise à la longueur où je suis devenue championne de Belgique toutes catégories. Ce fut mon premier titre, mais j’ai vite compris que j’avais besoin d’être dans les starting-blocks avec d’autres athlètes sur la piste. Je me suis concentrée sur le sprint et c’est lors des championnats d’Europe en 2017, où j’avais couru le 4x100, que j’ai commencé, presque par hasard, le 4x400. Suite à de nombreuses blessures dans l’équipe, il manquait une fille pour courir. Cela s’est plutôt bien passé et j’ai choisi d’en faire ma discipline principale dès 2018.

Que vous évoque la date du 4 mars 2018 ?

C’est une magnifique date qui correspond au lancement du projet 4x400 féminin. Nous étions en stage à Tenerife avec Hanne Claes quand nous avons évoqué pour la première fois cette idée de mettre en place un relais 4x400 féminin, sachant qu’il n’y avait plus eu de relais féminin belge depuis le 4x100, médaillé d’or aux Jeux olympiques de Pékin. Et puis nous assistions aussi aux nombreux exploits du 4x400 masculin. En bref, la fédération a désigné un coach, Carole Bam, et nous tenions ensuite à présenter le projet au grand public. L’objectif de l’équipe étant de se qualifier pour les JO 2020, il nous fallait trouver un lieu à la hauteur de cette ambition. Nous sommes allées voir la responsable de l’Atomium afin de lui proposer d’y organiser la première conférence de presse des Belgian Cheetahs. L’Atomium, ce lieu si emblématique, est ainsi devenu notre premier sponsor. Le 4 mars 2018, nous avons alors réuni toute l’équipe pour expliquer à la presse les étapes à franchir afin d’atteindre nos objectifs. Depuis, le plan se déroule exactement comme prévu ! 

Malgré une carrière déjà bien lancée, l’année dernière encore, l’athlétisme ne vous permettait pas de vivre puisque vous aviez toujours le statut d’amateur ?

Après avoir obtenu mon diplôme à l’ICHEC, j’ai travaillé au sein de l’ASBL ESA (European Sports Academy) qui vise à améliorer les performances des sportifs. D’abord en tant qu’athlète et puis comme coordinatrice de projets, j’ai appris énormément et j’ai surtout pu développer ces compétences lorsque nous avons lancé le projet des Belgian Cheetahs. J’ai démissionné le 31 mai dernier avant de signer mon premier contrat avec l’ADEPS en tant que sportive de haut niveau au mois de juin 2019. Désormais, tout est beaucoup plus facile puisque je peux enfin me concentrer à 100 % sur mon sport.

Avez-vous un léger ressentiment par rapport à un éventuel manque de soutien aux sportifs de haut niveau en Belgique ?

Cela ne sert à rien de se plaindre. Pour le projet du relais féminin, nous avons préféré prendre les choses en main et au final, nous avons récolté 11 000 euros auprès de partenaires privés. Nous sommes allées chercher les financements dont nous avions besoin pour être plus performantes. Aujourd’hui, nous profitons du soutien nécessaire de la fédération car nous avons prouvé que nous étions une équipe capable de faire de belles choses.

Que peut-on souhaiter de meilleur à l’athlétisme en Belgique ?

Il faut surfer sur cette vague de bons résultats. Nous avons des athlètes de très haut niveau avec Nafissatou Thiam et le relais 4x400 masculin. L’athlétisme doit être plus attractif et plus populaire en Belgique, que ce soit au niveau médiatique ou de l’engouement du public. Si le Mémorial Van Damme attire du monde, il y a encore trop peu de gens qui assistent aux championnats de Belgique, c’est triste.

Pour conclure, votre conseil aux plus jeunes ?

Quand on a un rêve, il ne faut se fixer aucune limite et tout mettre en place pour y parvenir. Ce que nous sommes parvenues à réaliser avec les Belgian Cheetahs en 18 mois en est la preuve.