Road to Paris 2024

Writer // Boris Rodesch - Photography // Michel Verpoorten

Médaillé d'or sur le relais 4 x 400 mètres et médaillé d'argent sur le 400 mètres aux Championnats d'Europe indoor d'athlétisme à Istanbul, Julien Watrin, diplômé en ingénierie, est au sommet de sa forme. À trente ans, le Gaumais — qui a remporté le Spike d’argent 2022 — vise une troisième participation aux Jeux olympiques avec des objectifs très clairs : se qualifier pour la finale de sa discipline de prédilection, le 400 m haies, et décrocher une première médaille olympique avec les Belgian Tornados. Nous retrouvons cet étudiant en philosophie à l’UCL au complexe sportif de Blocry.

À quel âge commences-tu l’athlétisme ?

À l’âge de sept ans. Mes parents avaient fait de l’athlétisme et ils m’ont inscrit à l’Athletic Club Dampicourt.

Quand choisis-tu de te diriger vers la course ?

Au début, on touche à tout. Ensuite, ça dépend du choix du coach, même si nous sommes aussi influencés par nos amis. Par chance, je me suis retrouvé dans des disciplines qui me correspondaient, le saut en longueur et le triple saut, mais aussi le sprint sur 100 et 200 mètres. J’avais quatorze ans et déjà sept années d’athlétisme dans les jambes quand j’ai rejoint le groupe d’entrainement d’Édith Graff, qui s’occupait des jeunes sprinteurs.

À Istanbul, tu as signé tes meilleurs championnats indoor en décrochant une médaille d’argent et un nouveau record national sur 400 mètres…

J’avais déjà remporté trois médailles européennes en salle avec le relais 4 x 400 m, mais il s’agissait de ma première médaille européenne en individuel. Ce record (45,44 s) me permet aussi de rêver à un chrono sous les 45 secondes en extérieur. Sur le 400 m haies, je pense avoir encore une marge de progression, j’attends toujours ma course référence. Mon record est de 48,66 s et il faudra que je me rapproche des 48 s pour espérer me qualifier pour la finale olympique. J’aurai une idée plus précise de ce que je vaux au niveau mondial après les Championnats du monde outdoor de Budapest, cet été. (NDLR : « Le bucheron gaumais »
est le recordman de Belgique du 400 m en salle et du 400 m haies.)

Budapest, où tu viseras la finale du 400 m haies ?

C’est l’objectif. Je me concentre sur cette discipline depuis l’an dernier. J’ai dû apprendre la technique des haies, sans négliger la course. Je commence la nouvelle saison avec beaucoup plus d’acquis, que ce soit au niveau de la technique de saut ou de la vitesse. Par ailleurs, pour prester au niveau souhaité, l’idéal serait d’être capable de réaliser des chronos sous les 45 secondes sur 400 m plat. Pour cette raison, mais aussi pour garder ma place dans le relais, je m’alignerai parfois encore sur 400 m.

Si tu devais définir ton style ?

Lourd, mais silencieux. Mon coach a en tout cas souvent insisté sur le tact que je dois avoir avec le sol. Il utilise régulièrement l’analogie du félin qui « caresse le sol sans bruit ».

Ta première expérience olympique à Rio, en 2016, c’était un rêve devenu réalité ?

J’avais du mal à réaliser. J’y suis allé comme un rookie émerveillé. Je participais juste au relais 4 x 400 m. Nous avions terminé au pied du podium en battant le record de Belgique, ça reste ma meilleure expérience aux Jeux.

Aussi parce qu’en 2021, aux JO de Tokyo, tu as dû te contenter d’une place de réserviste avec les Belgian Tornados ?

J’espérais m’aligner sur 400 m haies, mais je me suis blessé l’année du report de ces Jeux. J’ai finalement été repêché par Jacques Borlée pour le relais. Mais ma condition diminuée, combinée au contexte de la pandémie, a rendu l’expérience plus mitigée qu’à Rio.

As-tu des rituels avant les courses ?

Mon rituel, c’est de saboter mes rituels. Je maintiens tout de même un minimum de régularité basée sur la science et mon expérience, comme dans mes échauffements et mon alimentation, mais c’est vrai que je m’amuse parfois à changer mes habitudes pour éviter de tomber dans la spirale des superstitions.

Quel est le meilleur souvenir de ta carrière ?

La médaille d’or du relais 4 x 400 m avec les Belgian Tornados aux Championnats d’Europe indoor, à Prague, en 2015. Suite au désistement d’une équipe, nous avions été qualifiés au dernier moment. J’étais titulaire avec Kevin, Jonathan et Dylan Borlée. À la surprise générale, nous avions remporté la finale et battu le record d’Europe.

Tu as justement rejoint les Belgian Tornados en 2014. Comment s’est déroulée ton intégration dans la famille Borlée ?

J’étais timide, c’est comme si je rentrais dans leur cocon familial. Sans en être tout à fait conscient à l’époque, j’appréhendais avec la boule au ventre les rapports de force inhérents à la pratique sportive en équipe, en particulier dans le contexte conflictuel du sport de haut niveau. Mais je pense qu’ils ont vite compris que je n’étais pas là pour les embêter. Au final, j’ai été accepté et nous sommes devenus des amis.

Un mot sur ton hygiène de vie ?

J’aime casser cette systématicité à l’entre-saison pour me laisser aller et voir mes amis. J’essaie aussi de ne pas avoir un rythme de vie trop austère durant l’année — même s’il l’est forcément —, sachant que ça ne me convient pas. Heureusement, je peux compter sur la souplesse et l’intelligence de mes coachs qui sont prêts à adapter mon programme les rares fois où j’ai besoin de souffler. In fine, ce sont des petites cassures qui peuvent être bénéfiques pour la suite d’une saison.

Que préfères-tu dans la course ?

Les sensations de facilité, d’allégresse et d’élasticité, et l’explosivité à la sortie des starting-blocks, quand ça se passe bien.

Pour conclure, quels sont tes objectifs pour la saison à venir ?

Comme pour les Jeux de Paris, je vise une place en finale sur 400 m haies aux Championnats du monde outdoor de Budapest, mais aussi une place de titulaire avec les Belgian Tornados dans l’espoir de remporter une nouvelle médaille en équipe. Les places seront chères, ça dépendra de mon niveau sur 400 m. Au final, ce sera la décision de Jacques Borlée. Après, je n’aime pas trop me projeter, je préfère me fixer des objectifs à court terme, sans me mettre trop de pression.

Road to Paris 2024.

Julien Watrin won goud op de 4 x 400 meter estafette en zilver op de 400 meter bij de Europese kampioenschappen indooratletiek in Istanboel en is in topvorm. De 30-jarige atleet uit de Gaume-streek (in 2022 winnaar van de Zilveren Spike) mikt op een derde deelname aan de Olympische Spelen en heeft daarbij heel duidelijke doelstellingen: zich kwalificeren voor de finale van zijn favoriete discipline, de 400 meter horden, en een eerste Olympische medaille winnen met de Belgische Tornados. We ontmoeten deze student filosofie aan de UCL op het sportcentrum van Blocry.

Op welke leeftijd ben je met atletiek begonnen?

Toen ik zeven jaar was. Mijn ouders hadden aan atletiek gedaan en hadden me ingeschreven bij de Atletiekclub Dampicourt.

Wanneer besloot je om je te richten op het sprinten?

In het begin doe je alles. Vervolgens hangt het af van de trainer, ook al laat je je ook beïnvloeden door vrienden. Gelukkig kwam ik terecht in disciplines die bij mij pasten, het verspringen en hink-stap-springen, en ook de 100 en 200 meter sprint. Ik was veertien en had al zeven jaar atletiek achter de rug toen ik me aansloot bij de trainingsgroep voor jonge sprinters van Edith Graff.

In Istanboel heb je je beste indoorkampioenschap ooit gehad met een zilveren medaille en een nieuw nationaal record op de 400 meter…

Ik had al drie Europese indoormedailles gewonnen met de 4 x 400 meter estafette, maar dit was mijn eerste Europese individuele medaille. Met dit record (45,44 sec) geloof ik nu ook in een tijd onder de 45 seconden outdoor. Op de 400 meter horden denk ik dat ik nog ruimte voor verbetering heb, ik wacht nog steeds op de wedstrijd die als mijn referentiekader kan dienen. Mijn record is 48,66 sec en ik zal toch dichter bij de 48 sec moeten komen wil ik enige hoop hebben op kwalificatie voor de Olympische finale. Na de wereldkampioenschappen outdoor in Boedapest deze zomer zal ik een duidelijker beeld hebben van wat ik op wereldniveau waard ben. (NVDR: De ‘houthakker uit Gaume’ is de Belgische recordhouder op de 400 meter indoor en 400 meter horden).

Ga je in Boedapest de finale van de 400 meter horden halen?

Dat is mijn doel. Ik focus me al sinds vorig jaar op deze discipline. Ik moest de techniek van het hordelopen onder de knie krijgen zonder daarbij het sprinten te verwaarlozen. Ik begin het nieuwe seizoen met veel meer ervaring, zowel qua springtechniek als qua snelheid. Om op het gewenste niveau te presteren zou het bovendien ideaal zijn om onder de 45 seconden te lopen op de 400 meter sprint. Om die reden, en om mijn plaats in de estafette te behouden, doe ik soms ook mee aan de 400 meter.

Hoe zou je je stijl omschrijven?

Zwaar, maar geruisloos. In ieder geval heeft mijn coach heel veel aandacht besteed aan het contact dat ik moet hebben met de ondergrond. Hij gebruikt regelmatig de analogie van de katachtige die "zonder geluid de grond streelt".

Was je eerste Olympische ervaring in Rio in 2016 een droom die uitkwam?

Ik besefte het allemaal niet zo goed. Ik ging er als een groentje met ontzag naar toe. Ik nam alleen deel aan de 4 x 400 meter estafette. We eindigden met een podiumplaats en verbeterden het Belgisch record, wat nog steeds mijn beste ervaring is van de Spelen.

Ook omdat je op de Olympische Spelen van Tokio in 2021 genoegen moest nemen met een reserveplaats met de Belgische Tornados?

Ik hoopte mee te kunnen doen aan de 400 meter horden, maar ik raakte geblesseerd in het jaar dat de Spelen werden uitgesteld. Ik werd uiteindelijk opgeroepen door Jacques Borlée voor de estafette. Maar mijn verminderde conditie in combinatie met de pandemie, maakte dat ik hier meer gemengde gevoelens had dan bij de ervaring in Rio.

Heb je rituelen voor je start?

Mijn ritueel is het saboteren van mijn rituelen. Ik handhaaf nog steeds een minimum aan regelmaat op basis van de wetenschap en mijn ervaring, zoals in mijn warming-ups en mijn dieet, maar het klopt dat ik er plezier in kan hebben om soms mijn gewoonten te veranderen om niet in een spiraal van bijgeloof te vervallen.

Wat is de beste herinnering aan je carrière?

De gouden medaille die ik op de 4 x 400 meter estafette met de Belgische Tornados won op het EK Indoor in Praag in 2015. Door het terugtrekken van een team hadden we ons op het laatste moment gekwalificeerd. Ik stond aan de start met Kevin, Jonathan en Dylan Borlée. Tot ieders verrassing wonnen we de finale en verbeterden we het Europees record.

Je kwam pas in 2014 bij de Belgian Tornados. Hoe is het integreren in de familie Borlée verlopen?

Ik was verlegen, het voelde alsof ik inbreuk maakte in hun familie. Zonder me daar toen volledig van bewust te zijn, maakte ik me zorgen over de machtsverhoudingen die inherent zijn aan teamsporten, met name in de conflictueuze context van topsport. Maar ik geloof dat ze al snel doorhadden dat ik er niet was om hen te hinderen. Uiteindelijk werd ik geaccepteerd en werden we vrienden.

Kun je iets vertellen over je levensstijl?

In het tussenseizoen doorbreek ik de systematiek en laat ik mezelf graag gaan en spreek ik af met vrienden. Ik probeer ook niet te streng te leven gedurende het jaar (al zou dat wel moeten) want dat is niets voor mij. Gelukkig kan ik rekenen op de flexibiliteit en wijsheid van mijn trainers, die bereid zijn mijn programma aan te passen in de zeldzame gevallen dat ik een pauze nodig heb. In fine, het zijn dit soort kleine onderbrekingen die gunstig voor de rest van een seizoen kunnen zijn.

Wat bevalt je het meeste bij het sprinten?

Het gevoel van gemak, uitgelatenheid en veerkracht, en de explosiviteit bij het verlaten van de startblokken, als dit goed gaat.

Tot slot, wat zijn je doelstellingen voor het komende seizoen?

Wat de Spelen van Parijs betreft, mik ik op een plaats in de finale van de 400 meter horden op de wereldkampioenschappen outdoor in Boedapest, maar ook op een startplaats met de Belgische Tornados in de hoop nog een teammedaille te winnen. De plaatsen zullen moeilijk te veroveren zijn, het zal afhangen van mijn niveau op de 400 meter. Uiteindelijk zal het de beslissing van Jacques Borlée zijn. Al met al kijk ik niet graag te veel vooruit, ik stel liever doelen op korte termijn, zonder mezelf te veel onder druk te zetten.

Julien Watrin
www.teambelgium.be