Back on track

Writer // Boris Rodesch  - Photography // Geoffrey Meuli

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Victime d’une chute en compétition en janvier 2017, Armand Marchant a subi un éclatement du plateau tibial au genou gauche, une rupture des ligaments croisés et un déboîtement des deux ménisques. Il lui aura fallu sept opérations, deux plaques de titane et huit vis dans la jambe pour revenir au plus haut niveau, après une convalescence longue de 22 mois. En février dernier, le skieur thimistérien  a pourtant signé, à 23 ans, la plus belle performance de sa carrière, en se classant 10e au slalom des Championnats du monde de Cortina d’Ampezzo.

Nous avions rendez-vous avec ce revenant au mental d’acier à Anzère – sa station partenaire en Suisse, nouveau sponsor de la Fédération Royale Belge de Ski – à l’occasion de l’inauguration d’un télésiège à son nom, trois semaines avant les Championnats du monde.

Depuis ton retour, tu as enchaîné tes deux meilleurs résultats en Coupe du monde avec une 5e place à Zagreb et une 16e place à Shladming. Une jolie réponse à ceux qui doutaient encore de ton retour parmi l’élite du ski mondial ?

Cela me met en confiance et ça montre surtout de quoi je suis capable. Par rapport au début de saison qui a été plus difficile, mentalement, je me sens très bien. L’envie de faire de bons résultats est présente, et je suis de plus en plus sûr de moi sur mes skis. Être bien dans sa tête, ça fait toute la différence.

Les Jeux olympiques arrivent en 2022, tu y penses tous les jours ?

Se qualifier pour les Jeux olympiques, pour tous les athlètes, c’est une consécration. Après, participer c’est une chose, mais je tiens surtout à briller aux Jeux d’hiver de Pékin en 2022. Cortina, ce sera déjà un bon test avant le gros examen des JO. 

(NDLR : à Cortina d’Ampezzo, il se classera 15e au combiné, 15e au team event et 10e au slalom.)

Les prochains JO à Pékin sonneront comme une revanche, sachant que tu avais dû renoncer aux derniers Jeux ?

Mentalement, ça me reste en travers de la gorge. J’avais tellement envie d’y être, mais mon genou en a décidé autrement. Ce sont les aléas de la vie d’un sportif. Heureusement, ce n’est que partie remise.

Y a-t-il une culture du ski dans ta famille ?

Oui, mes parents m’ont mis sur des skis à l’âge de deux ans et demi. Ils ont vite vu que j’avais les capacités et beaucoup d’envie, et c’est pour cette raison qu’ils se sont dit : « Pourquoi pas lui laisser sa chance et voir où ça le mène ». Je les remercie encore, car ça demande tellement de sacrifices, j’ai arrêté l’école à 16 ans, j’ai vécu tous les mois d’hiver à la montagne… Il y a beaucoup de parents qui ne seraient pas d’accord.

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Raconte-nous ta rencontre — décisive — avec ton coach, Raphaël Burtin ?

J’ai rencontré Raphi à dix ans. C’est un excellent skieur qui a participé aux Championnats du monde et aux Jeux olympiques avec l’équipe de France. À l’époque, j’étais membre du Ski Club de Malmedy. Il connaissait bien la fille des dirigeants du club. Nous étions une petite dizaine de jeunes skieurs belges à chercher un entraineur. Il venait d’arrêter sa carrière et il a accepté de nous prendre en main. Depuis, j’ai passé plus de temps avec lui qu’avec mes parents. Beaucoup plus qu’un simple entraineur, il m’a formé et éduqué, c’est comme un second père pour moi. Très vite, il a demandé à nos parents que l’on puisse passer tout l’hiver à la montagne. Il tenait à nous mettre dans les meilleures conditions pour atteindre le haut niveau. Les parents lui ont fait confiance, et à l’âge de 11 ans, nous passions déjà tout l’hiver en station. Le groupe s’est rétréci et aujourd’hui, il ne reste que Raphi et moi. Nous avons franchi toutes les étapes au niveau du ski amateur, j’ai participé aux Championnats de France, etc., pour finalement faire mes débuts en Coupe du monde à 17 ans. Raphi est aussi mon technicien, il s’occupe de préparer mes skis. Durant ma convalescence, Thibaut Schnitzler nous a rejoints, il est devenu mon préparateur physique. Nous sommes une petite équipe, mais nous avons du cœur.

(NDLR : À 18 ans, il est aussi le premier skieur belge à marquer des points en Coupe du monde.)

Tu as fait preuve d’une force mentale impressionnante pour revenir au plus haut niveau !?

On doute toujours un peu, ce serait mentir de dire le contraire. L’objectif a toujours été de revenir au sommet. Combien de temps ça allait prendre ? Nous n’en avions aucune idée, mais j’ai tout de suite tout mis en œuvre pour y parvenir. C’était le plus gros challenge de ma vie. En tant que skieur belge au plus haut niveau, mon parcours était déjà atypique. Le fait de revenir après une telle blessure, ça le rend juste encore plus particulier, et ça m’aidera aussi jusqu’à la fin de mes jours.

Si tu devais définir ton style de ski ?

Je suis plutôt agressif sur les pistes, peut-être un peu trop… ça m’a déjà joué des tours. C’est un mélange d’agressivité et de fluidité. 

Ce que tu préfères dans cette discipline ?

La prise d’angle. Les sensations, sentir que l’on se rapproche de la neige, sentir la taille de ses skis, l’accélération et la vitesse que l’on peut engendrer. C’est nous qui créons la vitesse, tout part du skieur, c’est aussi ça qui est beau et noble dans le ski.

Pour conclure, une personnalité avec qui tu aimerais être coincé sur un télésiège ?

Ivica Kostelić, qui a toujours été une grande source d’inspiration, et dans un tout autre registre, Jacky Ickx, c’est mon côté vintage. J’aimerais avoir la chance de le rencontrer et pouvoir discuter avec lui.

(NDLR : Ivica Kostelić est un skieur alpin croate, entre autres champion du monde de slalom et 4 fois médaillé d’argent aux JO.)

Armand marchant
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