Road to Tokyo - Claire Orcel

Writer // Boris Rodesch  -Photography // Michel Verpoorten

La sauteuse en hauteur uccloise, âgée de 22 ans, est sortie de l’anonymat lors des derniers championnats du monde à Doha, en 2019, où elle s’est hissée en finale pour décrocher une jolie 11e place. Diplômée à l’EPHEC, l’athlète franco-belge partage son temps entre la piste d’athlétisme et l’IHECS, où elle suit un master en management d’évènements. Nous retrouvons Claire Orcel au Centre sportif de Blocry.

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Gamine, comment la petite fille se dirige-t-elle vers le saut en hauteur ?

La petite fille faisait de la gymnastique et elle mesurait déjà 1,80 m à 12 ans, ce qui ne correspondait pas vraiment au profil type d’une gymnaste. C’est en regardant les Jeux olympiques de Beijing en 2008 que j’ai commencé à m’intéresser à l’athlétisme. Grande et élancée, je savais que j’avais le profil recherché pour le saut en hauteur, une discipline que je trouvais déjà majestueuse. Et puisque ce n’était pas très glorieux en gym, je me suis dirigée vers l’athlétisme et très vite, vers le saut en hauteur.

Quel est votre premier souvenir des Jeux olympiques ?

C’est justement la médaille d’or de Tia Hellebaut, en 2008. Je regardais la finale à la télévision chez mes grands-parents. 

Tia Hellebaut a été pour vous une vraie inspiration, un modèle ?

C’est une championne olympique, elle détient aussi toujours le record de Belgique avec son saut à 2 mètres 05 réalisé à Beijing. Après, j’étais plus impressionnée par Blanka Vlašić, une autre grande championne. À partir du moment où elles sautent si haut, on a toutes envie de devenir comme elles.

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Si je vous dis 6 centimètres…?

C’est l’écart entre le premier gros palier et mon record personnel en extérieur, un saut à 1 mètre 94. 2 mètres ? Chaque sauteuse en hauteur a envie de réaliser un tel saut dans sa carrière. Aux derniers championnats du monde à Doha, elles étaient 4 à avoir franchi cette barre. Cela montre le niveau, il va falloir s’accrocher.

Ce que vous préférez dans cette discipline ?

Beaucoup de choses, je n’ai pas énormément d’endurance, j’aime la vitesse et les sauts, les efforts courts. C’est aussi très technique et même si je suis une personne pleine d’énergie, qui rentre dedans, c’est un aspect que j’apprécie particulièrement, ça se joue à pas grand-chose et c’est vraiment ça qui m’intéresse.

Les JO, cela vous évoque quoi ?

Un rêve que je vais normalement pouvoir vivre à Tokyo, où j’espère surtout ne pas faire de la figuration. Un podium aux jeux, c’est le rêve de tous les athlètes !

Quelles sont désormais les conditions à remplir pour obtenir votre qualification ?

Il y a deux possibilités : soit faire le minima qualificatif, à savoir un saut à 1 mètre 96 (2 centimètres au-dessus de mon record personnel), soit être classée parmi les 32 meilleures sauteuses en hauteur au classement mondial, où j’occupe actuellement la 22e position. Les signaux sont donc bien verts.

Quelles sont les conséquences du report des jeux d’un point de vue sportif ?

En théorie, une année d’entrainement supplémentaire dans les jambes me fera sauter plus haut et je serai meilleure l’année prochaine.

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Un mot sur l’ambiance au sein du Team Belgium ?

On se croise seulement lors des stages olympiques où nous préparons les jeux. J’y ai participé pour la première fois cette année, à Belek, et l’ambiance était vraiment super. Je me suis éclatée. Ces stages sont très importants pour permettre à l’ensemble des athlètes belges de se rencontrer et pouvoir ensuite présenter une belle unité lorsque nous partirons à la guerre ensemble (rires).

Vous qui évoluez dans un sport individuel, vivre avec la délégation belge et se retrouver dans une atmosphère plus collective, c’est quelque chose qui a du sens ?

Je n’ai jamais été attirée par les sports collectifs mais avec le Team Belgium, nous sommes une équipe et nous avons tous le même objectif, celui de faire briller la Belgique. Nous sommes tous là dans nos sports respectifs pour essayer d’obtenir le meilleur résultat possible, tous guidés par les mêmes ambitions et les mêmes routines. Discuter avec d’autres athlètes et découvrir leur sport, c’est très instructif et très enrichissant. 

Vous avez la double nationalité, le choix de la Belgique s’est-il posé ?

Non, j’ai participé à mes premiers championnats internationaux à l’âge de 15 ans et je n’avais pas encore la double nationalité. J’ai tout appris ici et je vis en Belgique, mais je concours aussi en France, notamment lors des championnats de France.

Et cela vous porte bonheur, puisque vous êtes championne de France en salle et en extérieur ?

Oui, j’ai d’ailleurs réalisé mes deux records — indoor et outdoor — aux championnats de France. Mais si je concours en tant que Française lorsque je suis en France, je représente la Belgique au niveau international.

Pour conclure, si vous deviez donner envie aux plus jeunes d’embrasser cette discipline ?

L’athlétisme en général, c’est le sport olympique par excellence. Quand on pense aux Jeux, on pense d’office à une piste d’athlétisme. C’est l’un des plus beaux sports et il s’adresse à tout le monde, il y a tellement de disciplines différentes… Chacun peut trouver sa voie.

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