MouRADE Zeguendi

Writer // Boris Rodesch - Photography // Noé Reutenauer / Sébastien Van de Walle

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Mourade Zeguendi est connu du grand public pour ses seconds rôles dans Dikkenek et Les Barons. Dans Champion, la nouvelle série de la RTBF qui sera diffusée au printemps prochain, il interprète le personnage principal. La série, réalisée par Mounir Ait Hamou et Thomas François, produite par le Kings of Comedy et Nexus Factory, raconte la descente aux enfers d’un footballeur professionnel. Pollen était présent sur le tournage à Bruxelles.

Dikkenek et Les barons, ce sont deux films cultes en Belgique !

J’ai la chance unique d’avoir participé à ces deux films, c’est dingue ! On m’en parle tous les jours… Ils me poursuivront toute ma vie.

Quelle est la différence entre le tournage d’une série pour la TV et d’un film pour le cinéma ?

La longueur et l’intensité. Pour Dikkenek, j’avais 15 jours de boulot sur les 2 mois de tournage. Nous réalisons ici 10 épisodes de 52 minutes en 80 jours de tournage. C’est l’équivalent de 6 films, c’est énorme !

Un rôle au cinéma est aussi plus confortable, on a le temps de se concentrer sur son personnage. Pour une série, c’est un travail sur la longueur. Le tournage des épisodes n’est pas chronologique. Il faut toujours être particulièrement concentré. 

Un premier rôle, c’est aussi une grande première.

J’ai 75 jours de tournage sur les 80 jours prévus. Nous tournons près de dix séquences par jour. Cela représente 500 pages de texte, c’est un travail considérable, mais c’est un plaisir de donner la réplique à des acteurs comme Joffrey Verbruggen, Alexia Depicker ou Lygie Duvivier.

Ton avis sur les fonds débloqués par la Fédération Wallonie-Bruxelles et la RTBF pour le développement des séries belges ?

C’est une très bonne chose. Les budgets sont limités, mais ils ont le mérite d’exister. Nous vivons une très belle aventure. Et si les séries belges continuent à fonctionner, ces budgets vont aussi augmenter.

La vitrine offerte aux acteurs grâce à la télévision est aussi très large.

J’espère que nous en profiterons. Personnellement c’est aussi l’occasion de démontrer que je suis plus qu’un arabe… Habituellement les rôles qu’on me propose sont des rôles stéréotypés à l’écriture. Le personnage de Soulimane Romeyda est très complet. On le suit avec ses joies et ses peines durant une année entière. Comme acteur, c’est évidemment beaucoup plus intéressant.

Tu as aimé La Trêve et Ennemi Public ?

Ces deux séries ont cartonné. Qualitativement elles étaient excellentes, mais il y a un bémol. Elles ne représentent pas du tout la diversité ou le multiculturalisme de la Belgique. Les noirs ne sont par exemple pas nécessairement footballeurs et sans papiers et tous les policiers ne sont pas blancs. Il faut arrêter avec ces stéréotypes. La télévision couleur existe depuis longtemps… Mettez-y de la couleur.

Champion s’intéresse à la carrière d’un footballeur professionnel… Le football et le cinéma ne font pas souvent bon ménage.

La série s’intéresse à l’univers du football, mais il n’y a que 2-3 vraies scènes de football sur les 10 épisodes. Si je me suis entrainé avec Alain Kabuya (un ancien joueur du FC Bruges) pour être crédible physiquement, mais aussi techniquement, le scénario insiste davantage sur la dimension humaine du personnage. 

Es-tu un amateur de série ?

Bien sûr. Il y a les références absolues comme Les Soprano, Breaking bad ou Games of thrones, mais le vrai chef-d’œuvre c’est Gomorra.

Tu joues au football ?

J’adore le football ! Je jouais dans la rue comme tous les gamins du quartier. Je suis aussi un grand supporter du FC Barcelone.

Pour conclure, les Diables rouges ont-ils une chance de devenir champions du monde ? 

Comme tous les Belges, j’ai envie de croire que c’est possible, mais il faut que les gars mouillent le maillot. S’ils jouent comme en club, nous avons une chance, mais ils doivent se réveiller et tout donner avec les Diables rouges. Heureusement j’ai la chance d’avoir la double nationalité… Je supporterai donc aussi le Maroc.