FORCED PERSPECTIVES

Après avoir réalisé « Michael Blanco » et « Le monde nous appartient », Stephan Streker présente son troisième long- métrage : « Noces »

Librement inspirée de l’affaire Sadia Sheikh, c’est l’histoire d’une jeune fille belgo-pakistanaise tiraillée entre son mode de vie occidental et son désir de liberté, le devoir familial et le poids de la tradition.

Les Magritte du cinéma ?

Je pense qu’expression artistique et compétition sont deux notions qui s’excluent mutuellement. Charlie Chaplin, Stanley Kubrick, Alfred Hitchcock, Orson Welles ou Terrence Malick n’ont jamais remporté l’Oscar. Jean Dujardin a remporté l’Oscar… Je pense que la démonstration ne nécessite pas plus de développements. Le plus important c’est l’expression artistique.

Votre avis sur le cinéma belge ?

Aujourd’hui il parvient à exister. De nombreux réalisateurs valent la peine et le cinéma belge est extrêmement bien considéré.

Votre premier souvenir du cinéma belge ?

La promesse des frères Dardenne, film extrêmement bien réussi qui m’a fort marqué.

Ce qu’il pourrait arriver de mieux au cinéma belge ?

Qu’il rencontre son public. C’est important que les spectateurs aillent voir un film belge, pas parce qu’il est belge mais parce qu’il y a un attrait comparable à ce qu’il peut y avoir pour les films étrangers.

S’il fallait donner l’envie à nos lecteurs de voir Noces ?

Ce n’était pas le but premier mais nous avons réalisé un film populaire. Je constate à ma plus grande joie que les cinéphiles l’aiment beaucoup. On a des critiques extraordinaires mais les réactions les plus enthousiastes et les plus spectaculaires viennent du grand public.

Eveiller la conscience collective à travers un sujet grave, votre nouveau leitmotiv comme réalisateur ?

Le vrai leitmotiv serait de raconter une histoire forte avec des enjeux moraux extrêmement puissants pour chacun des personnages.

Appréciez-vous les affiches de films ?

J’adore les affiches de cinéma, je les collectionne. Récemment, j’ai acheté une des deux affiches originales de Taxi Driver. L’affiche est réalisée par l’artiste belge Guy Peellaert. Elle a été tirée à très peu d’exemplaires. Elle était souhaitée par Scorsese mais Columbia préférait celle où De Niro marche dans la rue.

Un film qui vous a marqué dernièrement ?

Le dernier film de Tom Ford : « Nocturnal animals » 
Je ne comprends pas comment un gars peut être aussi doué cinématographiquement alors qu’il n’a fait que deux long-métrages. Si je remonte plus loin, « Une séparation » réalisé par Asghar Farhadi. C’est vraiment tout ce que le cinéma peut faire de plus élevé.

Vos plus grandes inspirations ?

Les deux plus grands cinéastes : Stanley Kubrick et Martin Scorsese. Tant qu’à être inspiré, autant viser haut. (Rires)

Un mot sur le choix de vos deux acteurs principaux pour interpréter Zahira et Amir ?

Je voulais des acteurs francophones qui soient crédibles en pakistanais. Très vite j’ai trouvé Sébastien Houbani, c’était une révélation. Inversement nous avons choisi Lina El Arabi au dernier moment. Mon cahier des charges très pointu visait une actrice de 18 ans, ultra débutante et du niveau d’Elizabeth Taylor… À mes yeux l’une des plus grandes actrices. Beaucoup de jeunes acteurs ou de jeunes actrices dans le cinéma français baissent la tête. Heureusement ce n’était pas le cas de Lina. J’adore son port de tête très haut.

Pour conclure si vous deviez rester coincé dans un ascenseur, Eden Hazard ou Benoît Poelvoorde ?

J’ai déjà rencontré très souvent Benoît Poelvoorde. Donc, Eden Hazard

L’histoire est inspirée d’un fait divers, quelle a été votre démarche vis à vis de la famille concernée ?

Pour conserver ma liberté de création, il était indispensable de ne pas entrer en contact avec les véritables intervenants. Il fallait aussi être parfaitement juste par rapport à la culture belgo-pakistanaise. Il y a des éléments très proches de la réalité comme le mariage sur Skype. En revanche, le personnage décisif dans le film (la grande sœur) est totalement inventé. J’ai rencontré des membres de la communauté belgo-pakistanaise, le film est coproduit par le Pakistan, le scénario a été lu par des pakistanais et nous avions une consultante pakistanaise en permanence sur le plateau.